Votre paradis fiscal se trouve ici

Où votre revenu serait-il le moins imposé ? Notre graphique interactif vous le dira. Déménager de Baar aux Verrières peut multiplier par sept votre impôt.

Fabian Schäfer, Iwan Städler und Kaspar Manz, (Tages-Anzeiger, équipe interactive)

Un couple avec deux enfants et deux salaires, par exemple, dont le revenu brut est de Fr. 150'000.- paiera à Plan-les-Ouates dans le canton de Genève Fr. 11070.- d'impôts cantonaux, communaux et ecclésiastiques et Fr. 16605.- à Oulens-sous-Échallens dans le canton de Vaud, soit 50% de plus.

La différence entre le paradis et l'enfer fiscal est flagrant, malgré la péréquation financière. C'est ce que montrent les données 2017 que l'Administration fiscale fédérale vient de publier sur l'internet. Cela vaut la peine d'y jeter un regard attentif car votre imposition, qui dépend de vos revenus et de la composition de votre foyer, varie d’un canton à l’autre. Notre carte interactive vous permet ainsi de voir en quelques secondes dans quelle commune votre ménage s'en sortirait le mieux. Et la façon dont votre commune de domiciliation se situe par rapport à ses voisines.

Les célibataires ayant un revenu brut d'au moins Fr. 150'000.- se trouvent le mieux à Wollerau la schwytzoise. Les rentiers ayant un revenu de Fr. 50'000.- paient le plus d'impôt à Schelten la bernoise.

La plupart des contribuables peuvent quoiqu’il en soit trouver de quoi se réjouir dans l’évolution de la fiscalité, à la baisse sur dix ans. Les actuels chiffres de la Confédération montrent en effet que la charge fiscale dans les chefs-lieux de cantons a largement baissé entre 2007 et 2017. Un couple sans enfant ayant un revenu brut de Fr. 100'000.- paie partout moins d'impôts que dix ans en arrière – à une exception: Schwytz où un couple paie 0,7% de plus qu'à l'époque, soit Fr. 100.-.

Les bas revenus sont généralement avantagés

Ce sont les habitants des cantons de Zoug (-37%), de Genève (-29%), de Bâle et de Thurgovie (-17% chacun) qui sont les plus avantagés. Les impôts des bas revenus ont baissé dans les oasis fiscales (Zoug) comme dans les cantons à la fiscalité élevée (Genève et Bâle). Les Bernois sont les moins avantagés car ils paient pratiquement la même chose qu'en 2007.

Le revenu est tout aussi décisif que le domicile. Les statisticiens de la Confédération ont établi une comparaison sur dix ans pour des couples sans enfants, dont un seul travaille dans quatre tranches de revenus: Fr. 50'000.-, Fr. 100'000.-, Fr. 200'000.- et Fr. 400'000.-. Toutes paient moins dans 21 de nos cantons. Dans la plupart, ce sont bien les plus bas revenus qui paient le moins. C'est le cas dans des cantons aussi différents que le Valais, Obwald, Saint-Gall, Zurich, Genève ou Bâle.

Quelques rares cantons ont aussi baissé les impôts des hauts revenus très lucratifs pour le fisc. Le canton d'Uri en est un exemple frappant, baissant en pourcentage l’impôt de la catégorie salariale la plus élevée deux fois plus que celle des plus bas revenus.

Les chiffres montrent aussi la vigueur de la concurrence fiscale des dix dernières années. L'écart entre les paradis et les enfers fiscaux s'en est-il trouvé creusé ? La situation n'est pas uniforme. L'écart entre le canton le plus cher (Neuchâtel) et le moins cher (Zoug) s'est effectivement creusé pour les couples ayant Fr. 100'000.- et Fr. 200'000.- de revenu. Mais il a par contre diminué pour les ménages ayant les revenus les plus élevés.

Le canton de Schwytz est un bon exemple des limites de la concurrence fiscale. Elles sont fixées par la péréquation financière nationale (PFN) qui peut sanctionner les réductions fiscales excessives par des prélèvements fortement accrus. La politique fiscale schwytzoise en est l'illustration. En 2007, le canton a encore baissé des impôts déjà bas – surtout pour les revenus les plus élevés, mais aussi pour les autres. Schwytz a dû faire machine arrière en 2013 déjà sous la pression de la PFN. Aujourd'hui, les impôts pour les quatre classes salariales sont légèrement plus élevés qu'en 2007.

Le plan d'Ueli Maurer

La plupart des contribuables ne sont pas conscients que les impôts ont généralement baissé. Le conseiller fédéral Ueli Maurer (UDC) aimerait que ça change. Le ministre des Finances veut aider l'urgente réforme de la fiscalité des entreprises (PF17), en rappelant publiquement que des baisses fiscales ont été appliquées aux personnes privées. Ueli Maurer considère que ces baisses sont largement dues aux entreprises et à l'attractivité de la place économique suisse pour laquelle la politique fiscale des entreprises est si importante.

À l'inverse, les partis politiques rose-vert et les responsables de finances communales mettent en garde contre les augmentations d'impôts sur les personnes physiques que cette réforme entraînera. Si la fiscalité des entreprises baisse autant que prévu, ils craignent les effets sur les ménages.

Cela ne s'est pas produit durant la décennie écoulée car les impôts des personnes physiques ont diminué. La situation diffère selon les cantons mais les revenus fiscaux n'ont en général pas baissé. Les statistiques financières montrent même le contraire. Les rentrées liées à l'impôt sur le revenu de tous les cantons ont continué de progresser après 2007, alors que de nombreux cantons ont baissé leurs impôts et que la crise financière de 2008 était passée par là.

Il en est de même pour l'impôt fédéral direct. Lors de la décennie écoulée, cette charge a baissé pour les quatre catégories salariales citées plus haut, et les rentrées ont cependant augmenté de 21%. Une hausse qui ne s'explique pas seulement par l’augmentation de la population de 13%.

Si l'impôt fédéral n’impacte pas dans le différentiel cantonal, le montant des loyers sur la commune doit être pris en compte. Pour les bas revenus, le loyer pèse souvent plus que l’impôt. Or, on se loge moins cher dans les enfers fiscaux que dans les paradis.